Le pari du véganisme de Veganfriendly
Dernier courant alimentaire à la mode, le véganisme voit fleurir tout un lot d’initiative 100% végétales comme Veganfriendly. Explications et interview de sa fondatrice, Bénédicte Coutheillas.
Vous avez dit Véganisme ?
Vous le voyez et l’entendez partout. Mais qu’est-ce que le véganisme au final ? Donald Watson et Elsie Shrighley sont les fondateurs de The Vegan Society et surtout ceux qui ont déposé le terme « vegan ». Leur souhait était de représenter les végétariens qui ne consommaient ni œufs ni autres produits issu de monde animal. Ils définissent le véganisme comme étant : « Une philosophie et façon de vivre qui cherche à exclure – autant que faire se peut – toute forme d’exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s'habiller, ou pour tout autre but, et par extension, faire la promotion du développement et l'usage d’alternatives sans exploitation animale, pour le bénéfice des humains, des animaux et de l'environnement […] » (source the vegan society).
Et contrairement à ce que l’on peut s’imaginer, le terme date de 1944. Sa démocratisation viendra plus tard, entre les années 2000 et 2010 aux Etats-Unis d’abord puis en France entre 2010 et 2013. Aujourd’hui, ce mode de vie séduit de plus en plus d’adeptes et commence à dépasser le stade de la tendance pour intégrer les mœurs tout doucement.
Quand le véganisme fricote avec le friendly
Elle a fait du véganisme son combat. Bénédicte Coutheillas est une jeune brune enjouée au sourire communicatif. Elle aime beaucoup s’exprimer sur ce sujet qui lui tient à cœur et pour qui elle dédie sa vie depuis septembre 2015, date à laquelle elle a décidé de monter sa boîte, Veganfriendly by N.A.N.Y. « N.A.N.Y. est l’acronyme justement des mots Nature Animals N’ (and) Yourself qui en les contractant rappelle parfaitement le mot anglais signifiant nounou Nanny, celle qui prend soin. » explique accompagnée de ses mains la jeune femme. La genèse de ce projet ? Une envie folle de vivre définitivement autrement. « N.A.N.Y. est née de cette idée que si nous nous donnons tous la peine de changer un tant soit peu nos habitudes on peut rapidement arriver à influer positivement la société. » Nous en arrivons au but : faire bouger les lignes de l’alimentation. Et pour arriver à ses fins, Bénédicte Coutheillas a joué la stratégique. Le mot « végan » fait trop peur. « j’ai rapidement constaté qu’il était lourd de sens et subissait beaucoup d’apriori. On le relie beaucoup à une forme d’extrémisme ». Elle mise donc sur la carte du « friendly » pour apaiser et « intéresser toutes les personnes curieuses ou non-initiées à découvrir ce mode de vie ».
La graine du succès
Le résultat est au rendez-vous. Grâce à la création d’un label à l’effigie d’un diamant vert émeraude, les restaurateurs peuvent afficher l’alternative végane certifiée à leur carte. Dès le départ, plus d’une trentaine d’établissement se lancent dans l’aventure Véganfriendly. Si les chefs ne sont pas inspirés à cuisiner céréales, légumineuses et légumes : Bénédicte à réponse à tout et signe leurs recettes. Comme pour Elgi, cette nouvelle adresse healthy qui fait un carton sur la capitale, pour qui elle réalise 3 recettes par an. Le véganisme sur-mesure fonctionne et plait. Pour l’heure, la jeune sérial entrepreneuse lance en parallèle de son activité avec les restaurateurs le premier jeu de carte dédié à l’alimentation végétale pour enfant.
4 questions à Bénédicte Coutheillas, fondatrice de Veganfriendly
LAC : Sans se mentir : Est-ce que la viande, le poisson ou le fromage vous manquent-ils ?
B.C. : Non. Je ne regrette pas un instant, je me sens épanouie et heureuse. Je me fabrique de nouvelles “madeleine de proust” et je redécouvre des aliments dont je ne soupçonnais même pas l’existence. D’ailleurs, si vous demandez à un vegan, n’importe lequel, partout dans le monde, ce qu’il regrette le plus ? il vous répondra sans nul doute : de n’être pas devenu vegan plus tôt...
LAC : Qu’est-ce vous dîtes à un non-végan pour le sensibiliser à votre cause voire le rallier ?
B.C. : Je l’orienterai vers des documentaires ou des films qui font réfléchir comme “Demain” notamment qui est éloquent, ou “Cowspiracy” et bien-sûr “Earhtlings”. Après deux ans de véganisme je me suis rendue compte qu’il était inutile de s’énerver ou de hausser le ton avec quelqu’un qui ne sait pas ou qui ne veut pas savoir. Il faut y aller doucement et (…) être dans l’accompagnement. (…) Je ne vois pas comment le prosélytisme en imposer ses idées vont aider le véganisme de manière efficace. J’ai peur que cela fasse l’effet inverse.
LAC : Que pensez-vous de cette nouvelle génération de chefs qui croient intimement en la cuisine locale et végétale ?
B.C. : L'atout majeur dans la cuisine végétale c’est l’absence de codes. Il n’y pas une recette vegan il y en a des milliers, et tout le monde peut s’y mettre. Les possibilités gustatives sont déclinables à l’infini. Les rayons cuisine dans les librairies ne cessent de voir apparaître de nouveaux ouvrages, preuve étant de l’abondance créative des chefs et autres préparateurs culinaires. Par exemple la recette simple d’un houmous peut varier d’une personne à une autre. Les grands chefs l’ont bien compris, Alain Passard a depuis, quelques années choisi de mettre en valeur les légumes du potager, leurs textures, leur couleurs, leur association pour enfin les révéler et ne plus les relayer uniquement en guise d’accompagnement.
LAC : Les clichés végans ont-ils la vie dure ?
B.C. : Les clichés vegan ont la vie dur ! Nous sommes accusés d’être aussi terne que les cailloux que l’on mangent ! En réalité pas du tout, je crois que la principale mission d’une personne végane c’est épater son entourage. Cela passe notamment par la multitude de couleurs dans nos assiettes. Apporter des cookies, faire des crêpes à ses collègues, ses amis, sa famille. Composer des “steaks” végétaux pour les barbecue de l’été et les faire goûter, tout est finalement question de propositions et de dégustations aussi.
Et vous êtes un tant soit peu curieux, vous craquerez sans doute sur ces deux recettes inédites 100% véganes only :